Gare du Nord: l'Etat Policier.
Voici une série de témoignages directes (publié sur le monde.fr) des violences qui se sont déroulés Gare du Nord...
"Je me suis approchée d'eux, pensant trouvé refuge. Je leur ai demandé poliment si je pouvais passer pour prendre mon RER, la seule réponse que j'ai eu fut : « reculez !». Nous étions quelques voyageurs à vouloir passer. Aucun de nous ne comprenait ce qui était en train de se passer.
A ce moment, j'ai entendu une voix venant des policiers qui a crié « on se calme ». j'ai regardé autour de moi, pensant qu'il s'adressaient à un des passants. C'est alors que j'ai compris que la voix s'adressait aux policiers. La peur m'a envahie. Un bruit sourd a raisonné et les policiers se sont mit à nous charger la matraque levée. Nous avons dû reculer en catastrophe, poussés par les policiers au bruit des matraques qu'ils cognaient sur les murs. Nous n'avions aucun moyen de sortir et, en face, il y avait d'autres policiers qui attendaient en rang serré.
Finalement j'ai été poussée dans le couloir d'accès au métro dont je venais par un policier en civil avec brassard qui m'a hurlé : « retournez dans le métro ». Nous étions alors plusieurs dizaines à ne pas comprendre pourquoi nous avions pu descendre du métro sans avoir aucune issue possible.
La seule solution a donc été de reprendre le même métro et d'aller utiliser des correspondances.
A aucun moment nous n'avons été informés de ce qui se passait. Une fois rentrée chez moi j'ai compris une partie de l'histoire.
Naïvement j'étais allée me réfugier auprès des policiers, désormais ils me font peur."
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"Je passe à la gare du nord tout les soirs, et hier, ce ne sont pas "des jeunes" qui ont provoqué ces évènements.
Il y avait des anciens, des jeunes, des quadras, des bien sapés, des biens blancs, des bien noirs. D'ailleurs, l'homme interpellé, avec une violence tout à fait condamnable, avait 33 ans.
Les gens se sont opposés à leur police croyant avoir à faire à une arrestation abusive. Moi, on m'a dit qu'un gamin s'était fait tabasser par les policiers."
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"Scandaleux ce qui c'est passe hier soir, des jeunes sans foi ni loi qui étaient la uniquement pour casser ou tuer du flic, le contrôle a été le prétexte pour tout casser.(...) La porte était grande ouverte pour les casseurs."
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Les scènes qui ont eu lieu étaient d'une violence inimaginable, on se demande même si les personnes ne voulaient pas tuer les policiers. Ceux-ci avaient certainement eu des ordres de ne pas intervenir car ils ont laissé casser quatre magasins (au moins, ce sont ceux que j'ai vu). Les personnes présentes étaient révoltés devant le laissez-faire de la police car les émeutiers pouvaient faire ce qu'ils voulaient.
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"Beucoup de gens qui observaient en direction du fond du hall sous-terrain , plutôt souriants. Des jeunes plutôt sapés que cagoulés. Et des gens marchant. Comme d'habitude, j'y ai vu des gens qui attendent. Pour info, le RER D ne passe que toutes les demi heure à ces heures ci"
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"3 jeunes (propres sur eux et très respectueux) discutaient avec les policiers (histoire de racisme, leur copain est noir) car ce sont les amis du (ou des deux ?) jeunes tapés et gazés. Ils tentent d'aider les policiers à disperser la foule, curieuse mais calme. Des renforts arrivent, pressent la foule. Une partie part, l'autre passe de l'autre coté des guichets vers les trains le classique "Police partout ! justice nulle part !" auxquels s'ajoutent le plus contemporain "Sarko fils de Pute !". Franchement jusque là tout va bien, les jeunes et les moins jeunes se marrent. Aucune violence. Ils ne voient pas un grand nombre de civils passer de l'autre coté en tout, j'ai vu 3 bouteille de jus d'orange en plastique sur les policiers, c'est tout. Ils partaient et tout était fini. (...)Je ne comprends rien. Une centaine de policiers (il y a eu 3 vagues de renfort pendant que j'y étais). Les gens étaient sidérés. Il ne se passait toujours rien, et les policiers couraient partout, montant et descendant parfois les même escaliers sous les rires de la foule, puis l'encadrant et la poussant pour la faire reculer. Ca ressemble à une véritable mascarade : pourquoi sont-ils restés aussi longtemps (la foule grossissaient avec les vagues succéssives de voyageurs du RER, curieux. Les métros ne s'arrêtaient pas, les gens étaient un peu perdus). De la provocation pure, et encore, aucune réponse du public. Il a fallu qu'ils chargent frontalement pour que ça commence, à 18 h 30 à peu près."
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Ce qui me gêne dans cette mésaventure, c'est que tout ça s'est déroulé sous les yeux des forces de l'ordre, sans que ceux-ci n'interviennent. Dès le début de l'aggression, j'ai finalement peu à peu amené les jeunes vers les forces de l'ordre, pensant que leur présence les calmerait... En fin de compte pas tant que ça car j'étais distant d'environ 20 mètres des forces de l'ordre quand les plus gros coups m'ont été portés. Et ils ne pouvaient pas ne pas voir car j'étais en face d'eux, bien sagement alignés !! Donc pour être clair, je me suis fait frapper en face des forces de l'ordre, juste sous leurs yeux, à environ 15 / 20 mètres mais ces derniers n'ont pas pris la peine d'intervenir et même de neutraliser les quelques individus "agresseurs". Je précise aussi que l'effectif des forces de l'ordre était très important, je ne pourrai quantifier cependant. (...)A l'heure actuelle, j'aurai envie de déposer une double plainte : une contre les agresseurs, et une autre contre les forces de l'ordre, au titre de la non-assistance à personne en danger."
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"Aucune indication de la part de la RATP ou de la SNCF (employés "civils" invisibles).Gestion "en force". Communication zéro. Information zéro. Impression de coup d'état. Déploiement ahurissant de force de l'ordre. Je précise que j'ai 52 ans, je suis prof dans le "9-3" (je connais bien Clichy-sous-Bois) et que j'ai voyagé pas mal en Amérique Latine (Chili sous Pinochet, Argentine sous Videla, Pérou avec troubles et couvre-feu, sans parler des manifs étudiantes...). Questions: quel pays est devenu la France pour que ça explose aussi violemmment à partir de rien????? Dans quel système vivons-nous exactement pour que ça prenne une tournure pareille??? Qui sont ces gens qui n'imaginent de solutions que dans un rapport de force effarant digne d'un système totalitaire????
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