mercredi, avril 11, 2007

Un journaliste digne de ce nom

« … tient la calomnie, les accusations sans preuves, l'altération des documents, la déformation des faits, le « mensonge pour les plus graves fautes professionnelles ;
« … tient le scrupule et le souci de la justice pour des règles premières ;
« ne confond pas son rôle avec celui du policier. »

« Déclaration des devoirs :
« … 1) respecter la vérité, quelle qu'en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce en raison du droit que le public a de connaître ;
« … 8) s'interdire le plagiat, la calomnie, les accusations sans fondement… »


C'est par ce rappel issu des chartes du Syndicat National des Journalistes, que Jean-Michel Cros ouvre un article qui le voit comparer ses déclarations à une journaliste de France Soir, avec le papier effectivement pondu par cette journaliste. Jean-Michel Cros était interrogé sur une conférie Soufie d'origine Turc... le constat est navrant...

Voici quelques extraits et le lien vers l'article complet de Jean-Michel Cros, publié sur Oumma.com.

Voici quelques semaines, un autre chercheur et moi-même avons été contactés par une journaliste de France Soir, Anne Herriot, qui nous a dit vouloir rédiger un article sur une confrérie musulmane, la Naqchbandiyya, qui a ouvert en décembre dernier un institut de formation dans les Vosges. Elle nous a dit ne rien connaître des confréries – ce qui n'a rien de choquant en soi – et souhaitait avoir des explications, tant générales sur les confréries que spécifiques à la Naqchbandiyya.
Comme ses premières questions étaient de savoir si c'était une secte et si celle-ci était « intégriste », nous lui avons expliqué, à tour de rôle, que l'on pouvait comparer, mutatis mutandis, les confréries musulmanes aux ordres contemplatifs chrétiens, que leur pratique, essentiellement quiétiste, était aux antipodes des l'islam radical – qui n'est qu'un habillage religieux de revendications politiques ; nous avons abordé également la question de l'autofinancement de la confrérie, comparable en cela à la pratique des églises en France, la question des cadres qui allaient être formés dans cet institut… Je lui ai notamment dit à ce propos que ce n'était pas un centre de formation d'imams, que les loges/couvents des soufis n'étaient pas des mosquées, etc…
Après nous, la journaliste en question prendra ensuite l'attache des membres de la confrérie, qui lui feront visiter les locaux de l'institut et répondront également à ses questions.
Les résultats de cette « enquête » allaient se révéler étonnants.
Nous les retrouvons dans la livraison de France Soir du 26 février dernier avec un gros titre en première page : « Quand les imams passent par la Lorraine » avec la mention « exclusif ». Deux pages sont consacrées ensuite au sujet sous le titre « Un centre de formation d'imams soufis en plein cœur des Vosges »…
Les choses commencent mal… Non seulement il est faux d'affirmer que les informations sur l'institut Buhara – c'est son nom – sont exclusives, puisque le « Républicain Lorrain » en a déjà parlé voici deux mois, mais l'auteur des articles semble n'avoir pas compris que l'on ne formerait pas là des imams, quoi qu'on lui en ait dit… L'un des autres titres du reportage s'étale en grosses lettres : « Un financement suspect »…
Je vous propose de comparer la réalité de cette confrérie avec les propos que nous trouvons dans le journal. Les distorsions entre la réalité de terrain et l'habillage journalistique sont une triste illustration de la manière dont se fait l'information sur l'islam en France.
Il se trouve que je connais depuis 1999 la confrérie en question, qui est l'un des groupes sur lesquels je travaille, travail qui devrait faire prochainement l'objet d'une publication. C'est dire que j'ai eu le temps de connaître ce groupe, tant en France qu'en Allemagne ou en Turquie ; j'ai eu le temps d'en connaître les membres, les organisations, la philosophie… Je précise enfin à toutes fins utiles, que les propos que j'ai tenus à la journaliste, lorsqu'elle m'a interrogé au téléphone, ont été tenus devant un témoin.
Le « chapeau » du premier des deux articles est ainsi rédigé :
« Un centre de formation de religieux soufis musulmans va ouvrir dans les Vosges, près de Raon – l'Etape. L'institut Buhara, créé par la confrérie Naqchabandi [sic], dispensera-t-il ici un islam radical ou plutôt modéré ? Le lieu serait en tout cas sous la haute surveillance des services du ministère de l'Intérieur ! »
Si nous passons sur l'orthographe et les accords, ainsi que sur la tautologie que constitue l'expression « soufis musulmans » - car personnellement je ne connais pas de soufis qui soient autre chose que des musulmans – la question sur la nature radicale ou modérée de l'islam qui sera enseigné est étrange, compte tenu des réponses qui ont été faites à Anne Herriot par mon collègue et moi-même. Redisons-le donc ici : de façon générale, le soufisme privilégie une pratique dite quiétiste, un travail d'introspection et de perfectionnement de soi, par la récitation de formules communiquées par un maître spirituel, appelées « zikr » en turc[1], dans le but d'arriver à la connaissance de Dieu.


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